C'est en juillet 1995 que cette ancre fut découverte par Michel Kervella au sud des Pierres Noires (proche de l'île Molène), par 60 mètres de fond. Le chalut de ce patron pêcheur de Plougastel-Daoulas s'est pris dans l'ancre qui dépassait apparemment du fond. Dans l'impossibilité de la remonter à bord de son navire, le "Cap-Kornoeg", Michel Kervella la ramena au port de Brest.
Avant d’être réimmergée dans ce même port, l’ancre a séjourné 10 jours hors de l’eau et a subi des dégradations importantes liées aux grosses chaleurs de l'été. Le jas en bois, notamment, s'est desséché. Jacques Ouchakoff (Archisub) en a réalisé le relevé avant l’immersion.
Il s'agit d'une ancre à jas en bois conservé en entier – fait rare – et organeau. L'oxydation recouvre l'ensemble de sa surface et la concrétion se développe sur l'ensemble des parties métalliques. Elle mesure 3,81 m de long et a un empattement de 2,52 m. Son jas de 3,96 m est légèrement plus long que la verge. Sur ce dernier, on peut lire l'inscription suivante "LA SIRENNE". Gravée en lettres majuscules, elle correspond probablement au nom du navire auquel appartenait cette ancre. D'après les recherches menées par l'équipe d'Archisub, une quinzaine de bâtiments de divers tonnages (de la galère au vaisseau de 2e rang) portent ce nom entre 1650 et 1750. Le jas, constitué de deux éléments, est assemblé par 4 cerclages et 6 gournables. Deux autres chevilles de bois seraient recouvertes par la concrétion métallique des cerclages (L'Hour 1995 : 30). L'organeau de 53 cm de diamètre a conservé une partie de son emboudinure. L'ancre est toujours immergée dans le port de commerce de Brest. Elle pourrait être datée entre la fin du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle, sans plus de précision.